Coup de frein pour l'industrie et le logement en France (Securibourse)
Coup de frein pour l'industrie et le logement en France
mar. mai 27, 2008 12:06 CEST
PARIS (Reuters) - Le moral des industriels français s'est fortement dégradé en mai pour revenir à son plus bas niveau depuis deux ans et demi, un signe de plus du net ralentissement de la croissance qui se dessine au deuxième trimestre après un début d'année étonnamment résistant.
Parallèlement a été annoncée une chute des mises en chantier et des ventes de logements qui montre que le secteur de la construction, un des moteurs de la croissance française avec l'industrie ces derniers mois, commence aussi à caler sérieusement.
Alors que le moral des ménages est au plus bas depuis six mois - l'indicateur de mai sera publié mercredi - et que leur consommation en produits manufacturés a baissé deux mois de suite, c'est la confiance des industriels qui marque le pas.
L'indicateur synthétique du climat des affaires calculé par l'Insee a chuté de quatre points à 102 en mai, son plus bas niveau depuis décembre 2005 quand il était à 102 également. Vingt-deux économistes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur un repli beaucoup plus modéré, à 105, de cet indicateur qui se maintenait depuis deux ans dans une bande comprise entre 106 et 111.
Ce fléchissement confirme le résultat d'autres indicateurs avancés d'activité tels que ceux de la Banque de France ou de l'OCDE ainsi que les indices des directeurs d'achat (PMI).
CHUTE DES PERSPECTIVES DANS L'AUTOMOBILE
"Le diagnostic est assez clair : après un premier trimestre encore robuste grâce à la demande extérieure, l'activité française devrait très nettement freiner au cours du reste de l'année 2008", observe Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas.
"Après les plus bas atteints par la confiance des ménages depuis six mois, après la faiblesse de l'emploi au premier trimestre et après la chute de la consommation en produits manufacturés, c'est au tour des industriels de jeter l'éponge", renchérit Marc Touati de Global Equities en prédisant une croissance "très proche de zéro" tant au deuxième qu'au troisième trimestres, après +0,6% en janvier-mars.
L'enquête de conjoncture de l'Insee montre une dégradation dans pratiquement tous les secteurs, et concernant aussi bien la production passée que les perspectives.
Le solde de la production passée a reculé de 11 en avril à 7 en mai, laissant prévoir un ralentissement de la production industrielle au deuxième trimestre.
Les carnets de commandes se sont nettement dégarnis, non seulement sur le front intérieur comme en avril mais aussi sur le front extérieur, "confirmant que la dégradation internationale est en train de rattraper une économie française dont la consommation s'essouffle depuis le début de l'année", note Mathieu Kaiser.
En conséquence, le solde mesurant les perspectives personnelles de production a fléchi à 6 contre 13 en avril et celui des perspectives générales de l'industrie, négatif depuis le mois de janvier, a poursuivi son plongeon à -15, au plus bas depuis septembre 2005.
Dans le seul secteur de l'automobile, les perspectives de production se sont effondrées de 55 points sur le seul mois de mai, passant de 40 à -15. "Du jamais vu depuis 1999", relève Marc Touati.
LA CONSTRUCTION RALENTIT
La production industrielle avait baissé de 0,8% en mars et le chiffre d'avril sera annoncé le 10 juin.
A côté des mauvais indicateurs qui se succèdent depuis le mois de mars pour l'industrie et la consommation, le secteur de la construction - l'un des principaux pourvoyeurs d'emplois et de croissance en 2007 - confirme lui aussi son ralentissement.
Selon les chiffres publiés mardi par le ministère de l'Ecologie, les mises en chantier ont chuté de 18,8% sur les trois mois à fin avril par rapport à leur niveau d'avril 2007, et les permis de construire de 16,3%.
Les ventes de logements ont quant à elles baissé de 27,9% sur l'ensemble du premier trimestre et le stock de logements en vente a atteint 105.600, un record. Au rythme actuel des ventes, le délai d'écoulement est désormais d'une année pour les maisons et de 11 mois pour les appartements.
L'enquête de conjoncture dans le bâtiment, également publiée par l'Insee mardi, montre que le moral des entrepreneurs dans ce secteur a reculé en mai à son plus bas niveau depuis 2005. L'activité a "nettement ralenti" au cours des trois derniers mois et devrait encore se tasser légèrement au cours des trois prochains mois, ajoute l'institut de la statistique.
"L'économie française a perdu l'un de ses plus fidèles soutiens, notamment en matière de création d'emplois", conclut Alexandre Mirlicoutois, économiste chez Xerfi. "C'est un mauvais signal pour l'ensemble de l'économie : le second trimestre se déroule au ralenti".
Le secteur de la construction a créé 61.200 emplois en 2007 en France, et 12.000 encore au premier trimestre.
Véronique Tison