ODDO-psychologie du marché (Securibourse)
ODDO Securities
Flash analyse technique
vendredi 17 août 2007
Vers un renversement de tendance à moyen terme
La très forte intensité de la tendance baissière à court terme déjà à l'uvre rappelle déjà celle observée pendant d'autres crises majeures comme celle de 1998. Cette dernière crise boursière s'était terminée après 3 mois de baisse en continu et extrêmement rapidement. En langage chartiste, nous parlerions d'un V-bottom. Or, la tendance baissière actuelle à court terme est-elle promise au même type de redémarrage, soudain et très rapide, ou au contraire, ce mouvement nous engage t-il pour une durée sensiblement plus longue, de l'ordre de 9 à 12 mois >
Ce document vise à faire un point rapide vis-à-vis d'un certain nombre de facteurs qui doivent être pris en compte et qui nous permettront de trancher en faveur d'une correction unique associée à un redressement rapide ou du côté d'un cycle tendanciel baissier de longue durée (6 à 9 mois minimum). De nombreuses facettes du marché permettent d'apporter des éléments de réponse et nous vérifierons, de façon synthétique, l'état :
- de la psychologie de marché
- de certaines formations chartistes
- des indices immobiliers
- d'une relation sectorielle relative
- de la théorie de Dow
- du comportement des spreads de taux longs
La psychologie du marché :
À moyen terme :
Il existe une différence majeure entre les corrections baissières de mai/juin 2006 et de février 2007 (pour ne prendre que les plus proches) et celle que nous vivons actuellement. En effet, les corrections observées avant la mi-juillet 2007 n'avaient pas été précédées d'une période de réflexion ; celle de l'été 2007, si.
Il s'agit d'un facteur décisif pour comprendre la nature de la correction actuelle. Car si celle de 2007 était dirigée par l'impulsivité et l'émotif (nous parlions alors d'une crise de confiance), celle d'aujourd'hui relève d'un choix raisonné. En effet, un débat de 3 mois a clairement précédé l'ouverture de la tendance baissière. Trois mois pendant lesquels le marché a eu le temps de faire le point et de juger le développement d'une tendance haussière majeure à moyen/long terme sur les taux longs, la poursuite de la progression de l'EUR/USD et le retour en hausse des matières premières ; trois axes de réflexion identifiés, au premier semestre, comme problématiques pour la poursuite des tendances haussières des indices actions en 2007. Et, de cette réflexion, est née une tendance baissière accentuée à court terme. Ainsi, au regard de l'existence de cette période de réflexion préalable à la chute des indices, il ressort que le marché ne subit pas une correction incomprise mais l'a lui même engagé après un débat global entre toutes les parties. De fait, cela crédilise sensiblement le mouvement baissier actuel et nous indique donc que le processus sera difficile à renverser à court terme. Une autre période de débat, de même nature, devra presque forcément s'engager pour pouvoir espérer voir naître une reprise durable des cours. Toutes les reprises techniques impulsives sont, dans ce type de contexte, vouée à l'échec par avance (sortent sur rebond ceux qui n'étaient pas d'accord avec l'idée de la baisse pendant le débat, ce qui coiffe toute reprise sans nouvelle période de réflexion préalable). Ainsi, l'ouverture d'une tendance baissière a été décidée par le marché, ce qui la rendra d'autant plus difficile à renverser. Cela passera par la réalisation d'un nouveau "débat" mais les niveaux de volatilité déjà atteint ne permettront probablement pas sa naissance à brève échéance
.
À court terme :
C'est du côté des arguments avancés en économie comportementale que nous nous tournerons. En effet, lors d'un processus de correction rapide, chaque nouvelle baisse est, à la marge, de plus en plus alimentée par les positions shorts que par les sorties de positions. Concrètement, plusieurs facteurs psychologiques empêchent ou gênent, au moins en partie (sur une partie du portefeuille), la vente des titres :
1/ L'aversion au risque
Une fois un gain obtenu, le profit additionnel d'une unité supplémentaire de gain apporte de moins en moins de satisfaction. Avec son corollaire, une fois une perte subie, une unité de perte supplémentaire apporte de moins en moins de désagrément. De fait, en Bourse, ce principe psychologique induit qu'une fois qu'un titre est en territoire négatif (moins-values potentielles), nous avons tendance à conserver le titre. L'évolution convexe du désagrément en territoire négatif fait que nous aurons tendance à accorder plus d'importance à la satisfaction additionnelle d'une variation espérée de +1% qu'au désagrément subit en cas de chute de -1%. De fait, psychologiquement, il est plus satisfaisant de conserver. Mais pas financièrement. La solution s'appelle le stop-loss. Mais à l'échelle du marché, il n'est pas imaginable que tous les opérateurs soient sortis au moment de la validation des double-tops en Europe (sinon nous aurions eu un krach) et, d'autre part, des achats ont eu lieu tout au long de la baisse et sont aujourd'hui en territoires négatifs et donc soumis au principe ci-dessus.
2/ L'effet de disposition
Réaliser une perte est deux fois plus douloureux que réaliser un gain d'un montant équivalent. Principe que nous devons, notamment, aux travaux de Daniel Kahneman et d'Amos Tversky. Un biais confirmé chez les professionnels également par une étude de Shapira et Venezia en l'an 2000. Un principe qui nous pousse généralement à liquider les actifs gagnants et à conserver les moins-values latentes. Ce biais renforce le premier évoqué en freinant l'acte de vente.
3/ Le sophisme de la perte sèche
Lorsque nous sommes conscients de faire ce type d'erreur, notre égo nous pousse à justifier "rationnellement" pourquoi nous agissons de la sorte. Nous trouvons des raisons ou écartons les nouvelles et autres éléments qui n'iraient pas dans notre sens. Ce dernier point renforce les précédents.
Quel rapport avec la chute des indices >
Etant donné que la chute des indices est rapide et quasi-continue, une partie du marché est forcément confronté à ces facteurs actuellement (sachant qu'il y en a d'autres. Nous sommes allés à l'essentiel). De fait, cela enlève à la marge et de plus en plus avec la baisse des cours une pression vendeuse qui s'exercerait sur le marché sinon ; processus psychologiques qui favorisent l'émergence d'une reprise technique à court terme. Ces trois facteurs combinés, pour peu que le marché ne cède pas à la panique (d'autres principes s'appliquent alors), créent un terrain favorable à la réalisation d'une reprise technique. Il est cependant évident qu'une fois un rebond acté, tous ces freins à la vente disparaîtront, ce qui "coifferait" rapidement et inexorablement toute reprise technique impulsive (il n'y alors plus de frein à la vente). De fait, même si des raisons psychologiques sont favorables, à court terme, à la réalisation d'une reprise technique, un tel rebond ne pourrait être durable et donc ne changerait pas grand chose à l'orientation baissière en train d'être prise par le marché sur des horizons de temps supérieurs. Cela renforcerait, en fait, le processus.