Ce que je redoute (Securibourse)

par Graham ⌂ @, vendredi 10 août 2007, 16:59 (il y a 6310 jours)

Ce dont j'ai peur concerne la fiabilité des méthodes de notation. La notation AAA (pour les ABS) couvre 4 fois le risque maximum encouru ces 5 dernières années en règle générale. C'est beaucoup, il semblerait. Cependant nous étions dans un marché immobilier largement haussier. Il y avait peu de défaut de paiement. Est-ce donc que 4 fois le risque maximun encouru ces 5 dernières années est suffisant pour garantir les défauts de paiement qui surviendront si la crise immobilière subsiste> Je ne sais pas répondre. Mon pressentiment est que les risques de crédit dans un marché immobilier durablement affecté sont sous-évalués. Dans ce cas, les fameux subprimes ne seraient que la face émergée de l'iceberg. Ce serait un immense scandale financier d'abord mais surtout une nouvelle terrible pour toute l'économie. La contraction de liquidité qu'essaient de parer les banques centrales semblent confirmer cette intuition. J'ai bien peur que le scénario de Labadie ne soit en train de se réaliser. Dans ce cas, c'est tout le modèle de consommation occidental qui est affecté. Ce qui signifie que les entreprises aussi seront affectées, sans doute pas dans les comptes de cette année mais dès les semestriels de l'an prochain. Les marges et les bilans pourraient se détériorer. Ce scénario est le pire. Je ne le souhaite vraiment pas car il aurait des conséquences que l'on imagine même pas et qui dépasserait de loin la sphère boursière.
Le problème, aujourd'hui, est que plus personne n'est en mesure de peser les risques et la probabilité de réalisation de ces risques. Ce qui revient à dire qu'il est impossible d'estimer l'opportunité d'investir ou non parce qu'il est impossible d'estimer les effets sur la consommation de la crise et donc, par ricochets, les effets sur les résultats des sociétés les années prochaines.
Pour ma part, je suis très inquiet. Je crois que je ne vais pas tarder à sortir presque intégralement des marché actions pour quelques semaines, à l'exception de quelques titres sur lesquels je resterai investi qui m'offriraient une marge de sécurité importante. Il ne me plait plus beaucoup de surfer sur la crête d'un marché, qui a été pour partie spéculativement haussier, avant que la vague ne se casse.

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Graham

Ce que je redoute

par Hubisan_ @, Paris, vendredi 10 août 2007, 18:18 (il y a 6309 jours) @ Graham

Mon impression est que de toute façon les financiers injecteront autant d'argent qu'il faudra. Y compris en baissant les taux. Sinon le gavage des banques couterait trop cher. Les 150 milliards d'euros injectes end eux jours par la BCE representent quand meme a 4.1% une charge d'interet annuelle de 6.15 milliards d'euros pour les banques europennes.
D'ailleurs la finance americaine attend peut etre que la fed baisse le taux pour jouer les zorros.

Apres la crise tout cela se terminera dans une orgie inflationiste globale avec grosses pertes reparties sur les investisseurs et sur les emprunteurs et plein de commissions encore pour les banques avec des restructurations de credit etc..

UN probleme est que certains pays veulent tirer profit de la crise: chine russie etc essaie d'empecher les USA de se sortir de cette crise de credit et la chine menace d'exploser le dollar (en vendant des bons) si le dollar baisse (en fait si la fed baisse le taux d'interet) En clair les chinois et d'autres se comportent en terroristes qui essaient d'asphixier les USA avec leur dette et un taux d'interet elevé pour que les USA entrent en recession. C'est le plus grand risque que je perçois.

Autrement dit tant que on ne s'engage pas dans une recession par crise de liquidite (scenario de labadie) je reste confiant que les meilleures societes seront des actifs encore mieux valorisées en dollars euro etc... = monnaie de singe. Les investisseurs seront plus exigeants sur la qualité de leurs avoirs. Les meilleures societes seront valorisées cher. Celles qui rendent des services incontournables et qui augmenteront leurs prix.

Et donc j'ai un mal de chien a me resoudre a detenir du cash ces saletes de papier monnaie. Je suis cash a 20% actuellement.

Hubisan

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Hubisan
Investisseur GARP : growth at reasonable price

Ce que je redoute

par Graham ⌂ @, vendredi 10 août 2007, 18:33 (il y a 6309 jours) @ Hubisan_

Ceci est vrai Hubisan. Cependant derrière cela et qui est sans doute plus grave encore, il y a la quantité d'emprunteurs asphixiés. L'injection de liquidité ne les aidera pas. Elle servira juste à éviter des faillites bancaires (ce qui n'est pas si mal déjà). Or tout ces particuliers fortement endettés (et là je ne parle pas de ceux qui sont insolvables mais bien de tout ceux qui sont solvables mais trop endettés) sont les consommateurs de demain. Le surrendettement (solvable, j'insiste) consécutif à la bulle immobilière est un frein pour la consommation future. Cela impectera tous les marchés, puisqu'avant tout les consommateurs mondiaux c'est l'Occident.

La crise qu'annonce les subprimes, ce n'est pas seulement une crise de crédit, mais surtout et avant tout une crise de consommation.
Si cela se passe, je ne le crois pas ni ne le souhaite, alors les excès de consommation de l'Occident des 20 dernières années, qui paraissaient jusqu'alors la norme, seront simplement taris.

C'est cela le risque majeur: l'insuffisance de revenus, le manque de liquidités pour consommer comme avant. On conçoit par extrapolation les risques que cela comporte pour la continuité de la croissance des entreprises.

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Graham

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Ce que je redoute

par labadie ⌂ @, Chaloupe St-Leu, La Réunion, vendredi 10 août 2007, 20:18 (il y a 6309 jours) @ Graham

Oui, les subprimes et le manque de liquidités des banques ne sont qu'un signe avant-coureur que le moteur de la croissance, cad la dette privée des ménages US ne parvient plus à tourner.

Le problème actuel n'est effectivement pas que quelques centaines de milliards de $ de prêts douteux soient liquidés, et qu'une panique temporaire créé un manque de liquidités ponctuel.
Cela le système financier peut effectivement l'encaisser avec quelques dégâts limités et quelques faillites de hedge funds et des établissements de crédit les plus engagés...sans gros inconvénients.
Il est même très possible que le marché ne cherche pas à voir plus loin que ça dans un premier temps et rebondisse temporairement, je n'en sais rien.

Le vrai problème est le consommateur US et c'est lui qu'il faudra surveiller attentivement au cours des mois à venir, plus que les problèmes de subprime déjà pricés et surmédiatisés.

Le consommateur n'a pas perdu pied pour le moment, et son endettement continue d'augmenter (moins vite, mais augmente quand même), et il continue également de désépargner (taux d'épargne négatif)...heureusement.

Mais cela fait plus de 20 ans que la dette s'accroit aux USA à un rythme bien supérieur au PIB et que la croissance repose sur elle. Avec une accélération considérable du phénomène depuis 2002.
Les déboires des subprimes sont en fait un simple signal d'avertissement : Ils nous disent qu'on a été au bout des limites possibles de l'expansion du crédit, malgré un recours massif aux prêts exotiques et à l'ingénierie financière et c'est là qu'est le vrai problème pour la suite : Pour que la croissance tienne, il faut actuellement que cette expansion du crédit à 10-12% / an aux USA continue à tout prix, parce que c'est elle qui a fourni le carburant jusqu'ici (plus de 1100 milliards de $ annuels, soit environ 10% du PIB US par an.
Et les subprimes nous disent justement que c'est terminé.

Sans elle la consommation chute (comment croire que le consommateur US pourra résister plus de quelques mois à un arrêt brutal de l'expansion du crédit >).
Quand ça se produira, vu la taille de la bulle de crédit accumulée depuis 20 ans, rien ne pourra empêcher le cercle vicieux de se mettre en place :

fin d'expansion du crédit -> chute de conso -> perte de confiance -> diminution du crédit -> encore moins de liquidités pour la consommation.
Le tout avec des ménages endettés jusqu'au cou qui devront en plus rembourser leurs crédits dans un contexte de chute des revenus et de récession.

Pour moi, comme je l'ai dit, la situation actuelle est au moins comparable à 1929, les seules différences étant que la bulle de crédit (plus de 400% du PIB) est encore plus grande (280% du PIB en 1929).
Et que la santé des états est fragile alors qu'elle était solide pendant la crise de 1929.

On parlera peut-être moins des subprimes dans les mois à venir. Mais beaucoup plus de la consommation des ménages US.

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labadie

par nols, vendredi 10 août 2007, 20:37 (il y a 6309 jours) @ labadie

Peux tu nous mettre les liens (je sais que tu les mets souvent mais j'ai pas envie de chercher;-) ) des sites communiquant le taux d'endettement des ménages ricains, l'indice de confiance des consommateurs, et autres stats utiles>>>

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labadie

par labadie ⌂ @, Chaloupe St-Leu, La Réunion, samedi 11 août 2007, 07:46 (il y a 6309 jours) @ nols

» Peux tu nous mettre les liens (je sais que tu les mets souvent mais j'ai
» pas envie de chercher;-) ) des sites communiquant le taux d'endettement
» des ménages ricains, l'indice de confiance des consommateurs, et autres
» stats utiles>>>

Pour la dette :
http://mwhodges.home.att.net/nat-debt/debt-nat-a.htm
http://mwhodges.home.att.net/nat-debt/debt-nat.htm

On en est en fait à 460% du PIB, donc encore plus que ce que je disais. pour une famille avec 2 enfants, cela représente 640 000$ de dette moyenne.

Pour un graphique sur un plus long terme (depuis 1910), il faut regarder les données du fond gabelli à la p.108 de "conquer the crash"
une copie ici : http://www.marketoracle.co.uk/Article912.html
Ces données s'arrêtaient à 2002, depuis le ratio dette / PIB a gagné environ 50%.

Il y a quelques différences avec le rapport de mwhodges (probablement non prise en compte de la dette publique dans les données du fond gabelli), mais le résultat est le même : la bulle actuelle est bien plus importante que celle de 1929.

Sinon trois sources officielles utiles sur les stats US (endettement et autres) :

http://research.stlouisfed.org/fred2 (très pratique pour réaliser des graphiques historiques sur le LT)
http://www.census.gov/
http://www.bea.gov/

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Ce que je redoute

par Bobo, vendredi 10 août 2007, 22:07 (il y a 6309 jours) @ labadie

» Oui, les subprimes et le manque de liquidités des banques ne sont qu'un
» signe avant-coureur que le moteur de la croissance, cad la dette privée
» des ménages US ne parvient plus à tourner.
»

Voici un extrait d'Investir Hebdo de demain:

Tache d’huile

Le troisième et dernier point touche, enfin, aux risques macroéconomiques que fait peser la hausse des taux et qui pourraient affecter l’immobilier de manière, cette fois, plus indirecte.
Il est en effet frappant d’observer que, aux Etats-Unis, les taux de défaillance sur les crédits immobiliers à taux variables ont évolué de manière quasiment identique pour les emprunteurs de la catégorie subprime et pour les autres (voir le graphique ci-contre).
Cela laisserait supposer que les très médiatiques subprimes pourraient n’être que la partie émergée de l’iceberg. L’agence de notation Moody’s a d’ailleurs annoncé fin juillet son intention d’appliquer aux crédits de la classe Alt-A, un peu moins risqués que les subprimes, les mêmes critères de notation que pour ces derniers. L’agence justifiait cette décision par les « performances comparables entre les plus mauvais crédits Alt-A et les meilleurs crédits subprimes, impliquant des qualités de signature proches ». La remontée des taux ne menace pas que les ménages états-uniens. En Europe, les ménages espagnols ou britanniques sont souvent endettés à taux variables et les taux de défaillance y sont en hausse sensible ces derniers mois.
Dans un tel contexte, les analystes les plus pessimistes commencent à envisager déjà des scénarios catastrophes de baisse de la consommation et de ralentissement de l’économie, qui pourraient affecter fortement les loyers et se traduire à terme par des baisses de prix des actifs immobiliers.

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Ce que redoute l'économie américaine

par Graham ⌂ @, samedi 11 août 2007, 01:50 (il y a 6309 jours) @ Graham

L'économie américaine redoute une contagion de "Main Street"
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par Emily Kaiser

WASHINGTON (Reuters) - Les spreads de crédit et titrisations de crédits ne signifient pas grand chose pour l'homme de la rue aux Etats-Unis, mais si Wall Street continue de dévisser c'est "Main Street" - l'économie au quotidien - qui risque d'en souffrir.

La consommation des ménages, moteur de la croissance américaine, a ralenti ces derniers mois même si elle a bien résisté jusqu'ici à l'envolée des prix de l'essence et au ralentissement du marché immobilier.

Elle reste sous-tendue par des crédits abordables et les turbulences de cette semaine sur les marchés financiers ont montré comment toute l'économie mondiale est elle aussi dépendante de l'argent abondant.

La crise a pour origine le dégonflement de la bulle du marché immobilier américain, qui a entraîné une baisse des prix des maisons et des défauts de remboursements nombreux dans la catégorie des crédits "subprime", consentis par des banques et établissements spécialisés à des acquéreurs sans garantie.

Or si ces crédits à haut risque pouvaient être accordés, c'est parce que les banques émettrices les découpaient en tranches plus ou moins risquées revendues sur le marché secondaire, où des hedge funds voire d'autres banques en quête de rendements se les arrachaient pour faire de bonnes affaires - tant que l'argent facile coulait à flot et que les défauts de paiements restaient à un niveau supportable.

La crise de ce segment du marché a entraîné un durcissement des conditions de crédit qui s'est propagé au marché de la dette des entreprises et menace de gagner le crédit à la consommation.

"Tel que constaté ces derniers jours, l'assèchement des liquidités à court terme pour les institutions financières est très inquiétant pour les banques centrales", déclare Bruce Kasman, chef économiste chez JP Morgan. "Si rien n'est fait, cela peut entraîner un mouvement général de raréfaction du crédit qui peut perturber les activités normales des entreprises et des ménages".

CREDIT CRUNCH

Les banques centrales du monde entier ont injecté plus de 325 milliards de dollars de liquidités dans le marché monétaire ces dernières 48 heures pour empêcher une pénurie de crédit ("credit crunch") à grande échelle.

Jusqu'à présent, confirme Jack Ablin, directeur de l'investissement chez Harris Private Bank à Chicago, le problème est resté cantonné à la communauté financière. "C'est un problème à 90% pour Wall Street et à 10% pour Main Street", résume-t-il. "La croissance économique mondiale reste forte et les fondamentaux de la Bourse reste raisonnables, même en tenant compte du renchérissement du coût du capital".

Mais cette crise du crédit tombe à un bien mauvais moment : en août, la grande distribution américaine prépare déjà ses commandes pour la période de Noël et ses promotions.

Les offres de crédit gratuit pour les achats importants (ameublement, gros électroménager) qui avaient fleuri ces dernières années dans les chaînes spécialisées risquent de disparaître si les coûts de financement augmentent.

Les distributeurs ont publié jeudi des ventes décevantes pour le mois de juillet et General Motors a réduit mercredi ses prévisions pour le marché automobile américain en 2007.

La Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, parmi d'autres banques centrales, ont injecté jeudi et vendredi des liquidités dans le marché monétaire pour tenter de rassurer les investisseurs. La Maison blanche y a aussi mis du sien en jugeant que les fondamentaux économiques restaient sains.

Le président George W. Bush et son secrétaire au Trésor Henry Paulson mettent en avant l'inflation modérée, la vigueur du marché du travail et la croissance mondiale qui reste forte pour justifier leur optimisme.

Mais il y a des signes avant-coureurs d'hésitation chez des entreprises.

Une enquête récente de l'Association américaine des professionnels financiers montre qu'aux Etats-Unis, elles détiennent des niveaux élevés de cash et que 36% d'entre elles sont en train de les augmenter. Or cette attitude traduit une réticence à investir, soit par crainte d'un credit crunch, soit dans l'anticipation d'un ralentissement économique.

Paradoxalement, la peur de celui-ci pourrait en fait bénéficier au consommateur américain.

Les cours du pétrole ont par exemple perdu 10% depuis le début du mois dans la crainte d'une baisse de la demande des Etats-Unis, ce qui devrait se traduire par une décrue des prix à la pompe et soulager ainsi le pouvoir d'achat des ménages - un cadeau non négligeable pour la rentrée scolaire.

Et certains économistes de Wall Street pensent que la Réserve fédérale pourrait réagir à la situation actuelle en baissant ses taux d'intérêt, peut-être dès ce mois-ci.

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Graham

Une mondialisation heureuse mais heurtée

par Graham ⌂ @, samedi 11 août 2007, 15:41 (il y a 6309 jours) @ Graham

LE MONDE | 08.08.07 | Pierre-Antoine Delhommais
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-942760@51-893669,0.html


C'était peut-être trop beau pour durer. Après plusieurs années d'une croissance sans précédent, profitant aux pays les plus riches comme aux nations les plus pauvres, l'économie mondiale, entraînée dans un cycle vertueux dont on pensait qu'il ne finirait jamais, se trouve brutalement menacée par la crise immobilière américaine.



Les experts avaient pourtant espéré, voire prédit, que celle-ci resterait cantonnée aux Etats-Unis, qu'elle ne provoquerait de dégâts que dans de petites institutions spécialisées punies pour avoir pris des risques inconsidérés en accordant des prêts à des personnes à peine solvables. Mais voilà qu'elle touche maintenant de grandes banques prestigieuses, américaines mais aussi asiatiques et européennes. En Allemagne, le ministre des finances Peer Steinbrück a dû interrompre ses vacances pour voler au secours d'une banque en perdition, IKB, une déroute qualifiée de "plus grave crise bancaire depuis 1931" par le patron du régulateur boursier d'outre-Rhin. Devant ces nouvelles inquiétantes, les investisseurs prennent peur, ce qui fait grimper les taux d'intérêt et fait chanceler les Bourses. Et c'est tout le système financier international qui est déstabilisé et, avec lui, l'économie mondiale.

Celle-ci allait pourtant si bien. Fin juin, le directeur général de la Banque des règlements internationaux (BRI), Malcolm Knight, évoquait même un "âge d'or". Dopée par le décollage des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), pays de moins en moins émergents, la croissance économique mondiale s'est élevée à 5,4% en 2006. La planète n'avait pas connu une augmentation aussi rapide de sa richesse depuis les années 1960. Surtout, jamais celle-ci n'a été aussi équitablement redistribuée. Même l'Afrique, laissée-pour-compte économique des deux dernières décennies, a vu son PIB progresser de 5,5% en 2006.

N'en déplaise aux détracteurs de la mondialisation, cette croissance exceptionnelle permet une diminution spectaculaire de la pauvreté dans le monde : 985millions de personnes vivaient avec moins de 1dollar par jour en 2004, contre 1,25 milliard en 1990.

De façon tout aussi inédite, cette forte croissance ne s'est accompagnée d'aucune poussée d'inflation, malgré la flambée des cours des matières premières. Cette sagesse des prix apparaît là aussi comme une conséquence bénéfique de la mondialisation, la concurrence effrénée à laquelle se livrent les entreprises les empêchant d'augmenter le prix de leurs produits.

Autre élément nouveau, les déséquilibres commerciaux gigantesques sont absorbés sans difficultés – en particulier sans crise de change –, les excédents des uns venant financer les déficits des autres : pour acheter des T-shirts made in China, les Américains creusent des trous que Pékin s'empresse de combler en acquérant massivement des emprunts du Trésor des Etats-Unis.

Dernier volet de ce panorama de rêve : malgré la concurrence des pays émergents et les mouvements de délocalisations industrielles, le chômage est tombé à des taux historiquement bas dans les pays industrialisés (4,6 % aux Etats-Unis, 3,7 % au Japon, 6,9 % dans la zone euro). Des niveaux qui démentent l'idée selon laquelle la mondialisation est l'ennemie de nos emplois et les Chinois et les Indiens nous volent notre travail.

"LES ÉPISODES SPÉCULATIFS NE SE TERMINENT JAMAIS EN DOUCEUR"

Après avoir évoqué l'âge d'or de l'économie mondiale, le directeur de la BRI indiquait en juin que l'excellence de la conjoncture économique était "si insolite" qu'il fallait s'interroger sur sa "pérennité". Un doute prémonitoire.

Car, si la mondialisation est heureuse, elle est aussi heurtée, pleine de chocs et d'ondes de choc. Que le moral des ménages américains flanche parce que la valeur de leur logement baisse, et ils consommeront moins. Dans ce cas, les exportations chinoises baisseront, Pékin achètera moins d'emprunts d'Etat américains, les taux d'intérêt s'envoleront aux Etats-Unis, le dollar plongera, l'euro s'envolera, étranglant les exportations européennes. Tout le monde, au final, souffrira. L'enchevêtrement des échanges commerciaux, des participations capitalistiques et des intérêts financiers a une conséquence : aussi sûrement que la croissance des uns fait la prospérité des autres, la crise économique chez les uns entraîne presque fatalement de fortes turbulences chez les autres.

La mondialisation est pleine de chocs car elle est pleine de bulles spéculatives. La financiarisation de l'économie favorise leur apparition (les actifs financiers représentent 160 000 milliards de dollars [115 976 milliards d'euros], soit trois fois le PIB de la planète), tout comme le laxisme des banques centrales, très dures en paroles mais très généreuses dans les faits, ce qui permet aux spéculateurs de se livrer à leur sport favori.

Après les bulbes de tulipe en Hollande au XVIIe siècle ou le krach de 1929, voilà donc la crise américaine des subprime mortgage, dont nul ne peut prédire aujourd'hui quel sera l'impact.

Certains rêvent déjà d'un grand soir financier qui remettrait en question une libéralisation économique qu'ils jugent débridée et l'omnipotence des marchés, qu'ils estiment antidémocratique. D'autres affirment au contraire que l'économie mondiale a récemment démontré sa résilience, sa capacité à corriger ses excès et à surmonter les chocs : les pays d'Asie affichent des performances économiques exceptionnelles, dix ans après la crise financière qui les avait mis à terre; le gigantesque krach des valeurs technologiques de 2000 n'est plus qu'un lointain souvenir.

"Ce que nous savons avec certitude, expliquait l'économiste américain John Kenneth Galbraith, c'est que les épisodes spéculatifs ne se terminent jamais en douceur. Il est sage de prédire le pire, même s'il est, selon la plupart des gens, peu probable."

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Graham

Analyse de Businessweek

par Graham ⌂ @, samedi 11 août 2007, 16:02 (il y a 6309 jours) @ Graham

Edition du 04/08/2007, page 9

Les ventes massives sur les marchés financiers vont permettre aux investisseurs et aux banquiers de retrouver leurs esprits. TROP D'ARGENT, PRETE A TROP DE MONDE, TROP FACILEMENT. Cet avertissement arrive au bon moment, avant que l'éclatement ne fasse perdre tout contrôle sur l'économie, et surtout durant une période de
solide croissance mondiale.

Les standards d'ATTRIBUTION DU CREDIT seront durcies tant pour les entreprises (activité fusion/acquisition) que pour les particuliers (habitat). La baisse de leurs actifs boursiers pourrait empêcher certains fonds de continuer à lever des capitaux, leur signature se dégradant sensibement. Mais les entreprises regorgent de liquidités et les plus fiables pourront toujours accéder aux marchés pour se financer.

Le plus gros risque vient du CONSOMMATEUR AMERICAIN. Son pouvoir d'achat a été sapé par la chute de la valeur de ses actifs immobiliers conjuguée à un pétrole onéreux sur une période jusque là inégalée. Le gel des crédits aggravera le baisse du prix de l'immobilier et enverait au tapis la croissance de la consommation.

Dans les points positifs, si l'économie américaine se grippait, la FED aurait à sa disposition le levier des taux, qu'elle pourrait remettre sur le sillon de la baisse.

Si la crise qui secoue les marchés s'arrêtait là, les conséquences sur le plan mondial ne seraient pas si importantes ; en revanche, si la spirale baissière devait tirer les indices boursiers encore plus bas, ...

La plupart des instruments financiers en vogue aujourd'hui n'ont jamais été testés par temps de crise par le passé. Les outils permettant aux entreprises et aux investisseurs de COUVRIR LEURS RISQUES ont certes permis de fiabiliser et de sécuriser les transactions mais ont repoussé ces risques ailleurs, ce ailleurs étant un lieu à peu près inconnu. Il faudra donc du temps pour prendre la mesure des PERTES CACHEES dans les bilans comptables. Il a d'ailleurs fallu attendre plusieurs mois entre les premiers craquements dans le marché des "SUBPRIMES" et les premières faillites de fonds d'investissement.

POur l'instant, bien que ces actifs gérés par les fonds et certaines banques soient plutôt illiquides, ils ont tous, la semaine dernière, lorsque les premiers fonds ont fait faillite, trouvé preneur - à vil prix.
Ainsi, tant que demeureront des acquéreurs pour venir en aide aux fonds malades, les risques d'une CRISE SYSTEMIQUE seront faibles.

La principale inquiétude provient des BANQUES, dont les largesses ont alimenté le système. De leur attitude dépendra la suite des évènements ; les banques peuvent, en partant d'une diminution des crédits accordés, salutaire à l'économie, aboutir à un gel des prêts, avec ses conséquences dévastatrices.

Beaucoup de banques américaines seraient désireuses de se DELESTER de leurs portefeuilles de subprimes et autres crédits pourris ( le montant de 300 milliards de dollars est évoqué). Mais à qui vendre si l'acquéreur ne peut emprunter afin de payer son achat>

Les BANQUES sont également exposées sur le front des fonds speculatifs (HEDGE FUNDS) qu'elles ont soutenus. Il est fortement probable qu'aujourd'hui, les plus grosses banques NE SOIENT MEME PAS CONSCIENTES de leur implication dans les marchés dérivés. Or il est prouvé qu'en cas de perte ou de baisse de ses bénéfices, une banque devient réticente à prêter de l'argent, ce qui renforcerait le "credit crunch"

POur conclure, les cycles du crédit sont imprévisibles. Bien que les choses puissent empirer rapidement, les soubresauts financiers actuels auront le mérite de réapprivoiser l'idée du risque, et de mieux évaluer le coût du risque en terme de rendement. Les marchés, tout comme les individus, ont parfois besoin d'un bon régime.

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Graham

Subprime et CDO : Quel impact pour les banques américaines ?

par Graham ⌂ @, jeudi 16 août 2007, 13:49 (il y a 6304 jours) @ Graham

Voilà un article suggestif. Mais garder à l'esprit que toutes les estimations en bien ou en mal sont dans l'état impossibles à conjecturer. Attention à l'effet boule de neige.

La Tribune.fr - 16/08/07 - Pascal Boulard

Le capital accumulé par les banques américaines au cours de plusieurs années de profits devrait leur permettre de supporter l'impact de la crise actuelle. A plus long terme, les conséquences sur la contraction du crédit sont plus difficiles à définir mais elles devraient se traduire par une dégradation de leur situation financière.
D'après les estimations données par la Réserve Fédérale, le montant des pertes potentielles liées à la détérioration de l'immobilier résidentiel américain devrait être de l'ordre de 100 milliards de dollars. Toutefois, si on prend en compte le montant des crédits accordés au cours des dernières années et si on applique un taux de dépréciation de 10%, on parvient à un montant proche de 250 milliards de dollars. Reste à savoir comment ce montant sera réparti sur l'ensemble des acteurs.

Toujours selon la Réserve Fédérale, les banques commerciales américaines ont dégagé collectivement un bénéfice avant impôt de 189,3 milliards de dollars en 2006, contre 165,9 milliards en 2005 (+14,10%). Sur ce montant, plus d'un quart provient des commissions liées à la titrisation des crédits hypothécaires.

En terme d'activité, le premier semestre de 2007 s'est déroulé comme le premier semestre 2006, voire un peu mieux. Cependant, la fin de ce premier semestre et le début du second ont été fortement impactés par la crise des crédits "subprime" et des CDO (Collateralized Debt Obligation).

La formidable machine à titriser les crédits hypothécaires s'est fortement grippée et s'est arrêtée. Le risque immobilier, au lieu d'être transféré vers d'autres investisseurs, est resté sur le bilan des banques. Incidemment, ce phénomène a également impacté les crédits alloués aux opérations de rachat par levier financier (LBO, Leveraged Buyout).

Est-ce grave > Pas réellement. Après tout, le métier des banques est de supporter un certain nombre de risques dans leur bilan et de conserver un capital ad hoc : pour faire simple, 8% à 10% de l'encours en fonction de la pondération du risque des actifs financés. En 2006, le capital des banques américaines (Tier 1 et Tier2) représentait environ 12% de leur encours (sans doute un peu moins de 1000 milliards de dollars).

Si on prend l'estimation haute de 250 milliards de dollars de pertes potentielles et si l'applique aux chiffres de 2006 (capital et profit avant impôt), on obtient une réduction de 6% du capital réglementaire. Pas de quoi s'inquiéter > Sans doute, et cela explique peut-être la visible sérénité de la Réserve Fédérale. Par ailleurs, ces 250 milliards sont certainement disséminés sur d'autres acteurs (fonds institutionnels, compagnies d'assurance, hedge funds).

Voila pour le court terme mais la panne de la machine à titriser aura un impact significatif sur la rentabilité des banques américaines et sur leur distribution de crédit. Incapable de pouvoir transférer le risque immobilier -et d'autres risques- par le mécanisme de la titrisation, leurs critères de distribution de crédit vont être renforcés. L'engrenage du "credit crunch", de la raréfaction du crédit, est en marche.

L'impact en est une double diminution de leur rentabilité : nettement moins de commissions liées à la titrisation et contraction du volume de la marge d'intérêt. En conséquences, on peut déjà tabler sur une nette diminution du bénéfice avant impôt en 2007 et 2008 et envisager les opérations financières à venir : fusion d'établissements mais aussi scission au sein des grands conglomérats financiers.

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