La fiscalité problématique d'Acadomia (Securibourse)

par Graham ⌂ @, dimanche 11 mars 2007, 00:58 (il y a 6412 jours)

Acadomia est agrée en tant qu’entreprise dédiée aux services à la personne. A ce titre, elle bénéficie d’une fiscalité privilégiée. De multiples études, des rapports ont montré depuis plusieurs années aux autorités politiques le vivier important pour l’emploi que constituait le secteur des services à la personne. Malgré de nombreux freins structurels qui gênaient son essor, le secteur des services à la personne croissait régulièrement depuis de nombreuses années, contrastant avec le reste de l’économie française. L’Etat (au travers des gouvernements successifs tant de droite que de gauche), via des réductions d’impôts dédiées, soutient quelques professions du secteur depuis maintenant plus de dix ans. Le plan de développement des services à la personne, mis en œuvre par la loi Borloo du 26 juillet 2005 relative au développement des services à la personne, continue de soutenir cette politique en fixant deux objectifs majeurs: satisfaire à une demande croissante et créer de nombreux emplois professionnalisés (500 000 en trois ans), qualifiés et correctement rémunérés. Le 14 décembre 2006 le Premier Ministre a annoncé une extension du dispositif de services à la personne en apportant une aide aux ménages non imposables ayant recours à ces services à travers un mécanisme de “crédit d’impôts”. Ce crédit d’impôts vise à égaliser le traitement des contribuables français, l’idée étant d’inciter tous les contribuables et pas seulement les contribuables imposables en France à faire usage de services à la personne déclarés pour rendre abordable par tous des services de qualité, encourager à la professionnalisation de ces services et éviter le travail au noir. Par volonté du Parlement, la loi de finance rectificative 2006, adoptée jeudi 21 décembre, a restreint le champ des services à la personne concernés par cette aide, en la limitant exclusivement à « la garde d’enfant, au soutien scolaire et aux cours à domicile ». Ce simple rappel historique met en évidence le soutien toujours reconduit de l’Etat pour favoriser un secteur en essor qui contribue puissamment à faire reculer le chômage, à donner une activité régulière et sécurisée à quantité de travailleurs précaires, et qui, in fine, contribue à satisfaire des besoins nouveaux de la société française. Par une logique habituelle de dénigrement à visée électorale, certains candidats à l’élection présidentielle ont instillé le doute sur une suppression éventuelle de ces dispositifs fiscaux. Cette éventualité, assez improbable, présente un risque certain pour l’exploitation d’entreprises de soutien scolaire, à l’instar d’Acadomia. Elle n’ôte pas la remarquable efficacité d’un dispositif qui a contribué largement dans un passé récent à régulariser un marché dominé par le travail illégal et qui devrait, selon toute vraisemblance, être à l’avenir perpétué. En attendant le terme des élections qui fixera définitivement les incertitudes sur le sujet, je propose de rappeler quelques éléments d’information tirés en partie des assemblées concernant la fiscalité, appliquée au cas particulier de la société :
-concernant la réduction d’impôt : M.Coléon a reconnu, lors de l’assemblée, l’existence d’un risque grave pour la continuité de l’exploitation de la société si ceux-là étaient supprimés. Cependant, si ce risque est bien réel et préoccupant, M. Coléon a estimé que la probabilité de réalisation de ce risque restait assez faible. L’importance des investissements consentis pour l’année écoulée et ceux en cours pour les exercices ultérieurs témoignent de cette confiance. Il convient, en outre, de faire remarquer le coût social que provoquerait la généralisation de cours de soutien individualisés. Si les études sont encore insuffisantes, les premières estimations indépendantes évaluent le coût global entre 9 et 12 milliards d’euros. La question restant, la France a-t-elle les moyens de mettre en œuvre cette politique >
S’agissant de commenter si les cours de soutien étaient un produit de luxe réservé à quelques privilégiés, M.Coléon lors de l’émission télévisée de France 5 a clairement manifesté que non, soulignant que l’avantage fiscal, dans la mesure où il rendait accessible à un plus grand nombre de familles les cours de soutien, permettait de rendre compétitifs ces mêmes cours avec ceux dispensés au noir. Il est notable d’écouter le témoignage de quelques familles signalant que l’absence d’avantage fiscal leur interdirait la possibilité de recourir à de tels cours.
-concernant le nouveau crédit d’impôt : M.Coléon a évidemment souligné son caractère positif dans la mesure où, d’une part, il rendait accessible à un plus nombre de familles des cours de soutien individualisés, contribuant avantageusement à marier les idées de justice sociale avec l’effort pour de réduction du travail irrégulier, et d’autre part dans la mesure où il élargissait la base de clientèle de la société.
-concernant le CESU préfinancé instauré par la loi Borloo, les paiements représentent encore qu’une faible fraction de l’ensemble des facturations : 0,5% pour l’exercice écoulé, 2% pour novembre 2006 et 5% estimé pour l’année 2007. Ce phénomène est commun, en France, à toutes les entreprises de services à la personne. Il traduit à la fois la nouveauté de ce préfinancement et la relative lenteur des entreprises à le mettre en œuvre (concertation avec les comités d’entreprise, les syndicats de salariés, etc.). Cette évolution, cependant, est à terme inexorable. En effet, « cet outil permet de solvabiliser une demande large puisque les entreprises, comités d’entreprise et les collectivités locales peuvent octroyer des CESU subventionnés et ainsi permettre à des publics peu favorisés d’accéder à un service de qualité à des prix abordables ». D’autres pays, comme l’Allemagne et la Grande Bretagne, en ont déjà un large recours. La France, après un temps de retard, continuera ce modèle.
-concernant le taux réduit de TVA, je reproduis le communiqué de la société qui me parait amplement explicite:
« L’entreprise a vécu un exercice difficile du fait du manque de visibilité au niveau du taux de TVA de ses prestations, la décision de prolonger le taux réduit de TVA après le 31 Décembre 2005 n’ayant été prise que tardivement (le 1er Février 2006 avec effet rétroactif). Cela a perturbé les décisions d’investissement, le plan d’embauche et le lancement des campagnes de publicité au cours de l’exercice. La situation en terme de TVA est aujourd’hui stabilisée au moins jusqu’au 31 Décembre 2010. »
-concernant le mode de fonctionnement social (mandataire), M.Aiach a souligné la clarification des aspects réglementaires consécutive à la mise en œuvre du plan Borloo, notamment au travers de l’importante convention de partenariat signée avec l’ACOSS (organisme central des Urssaf) sur le mode mandataire de fonctionnement de la société qui écarte considérablement tout risque de litige ou de requalification dans l’avenir ainsi qu’ils avaient pu paraître lors d’exercices précédents au travers de provisions exceptionnelles.

Il ressort de ces développements la continuité et la régularité du soutien de l’Etat dans l’essor de l’ensemble du secteur de services à la personne depuis de nombreuses années. Le soutien scolaire y a une part reconnue et pour lors complètement admise. L’efficacité des dispositifs successifs a largement été éprouvée. Si aucune certitude aujourd’hui n’est parfaitement assurée, il est vraisemblable de croire que ces mesures seront dans l’avenir continuées. La polémique autour du soutien scolaire privé, sans proposer de solutions sociétales alternatives cohérentes, a couvert de suspicion une société dont le modèle économique a pour lors parfaitement réussie. Sans doute cette suspicion aussi est exagérée. Le terme des élections les lèvera complètement. Alors, sans doute, les qualités propres de cette société reprendront la primeur et elle réapparaîtra bien plus vivement et favorablement en lumière. En attendant, ces simples aspects développés suffisent à considérablement rasséréner.

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Graham

Et pour mise en garde

par Graham ⌂ @, dimanche 11 mars 2007, 01:21 (il y a 6412 jours) @ Graham

*si les propos de Mme Royal trouvent leur exécution dans la suppression des avantages fiscaux: le risque de perte dans l'investissement Acadomia peut être compris entre 80% et 100%
(probabilité que j'estime à 25%)

*dans le cas contraire:
-premier objectif à horizon compris entre 6 mois et 1 an: 25€
(probabilité que j'estime à 75%)
-deuxième palier à horizon compris entre 1 an et deux ans: 35 €
(probabilité que j'estime à 66%)
-troisième palier, supérieur à 35 € et jusqu'à 60€ , plus incertain car dépendant du développement de la société dans un marché en structuration, à un horizon compris entre deux ans et quatre ans.
(probabilité que j'estime légèrement supérieure à 50%)

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Graham

Et pour mise en garde

par verolle, dimanche 11 mars 2007, 10:48 (il y a 6412 jours) @ Graham

» *si les propos de Mme Royal trouvent leur exécution dans la suppression des
» avantages fiscaux: le risque de perte dans l'investissement Acadomia peut
» être compris entre 80% et 100%
» (probabilité que j'estime à 25%)
»
» *dans le cas contraire:
» -premier objectif à horizon compris entre 6 mois et 1 an: 25€
» (probabilité que j'estime à 75%)
» -deuxième palier à horizon compris entre 1 an et deux ans: 35 €
» (probabilité que j'estime à 66%)
» -troisième palier, supérieur à 35 € et jusqu'à 60€ , plus incertain car
» dépendant du développement de la société dans un marché en structuration,
» à un horizon compris entre deux ans et quatre ans.
» (probabilité que j'estime légèrement supérieure à 50%)

Si l'on se base sur l'estimation que tu fais des probabilités d'échec ou de réussite, on a 25% de chance de faire -90% et 75% de chance de gagner 43% (en se basant sur le cours d'aujourd'hui, 17,5€, et sur ton objectif 9mois, 25€), ce qui représente un gain moyen de "seulement" 9,8%.
Vu ce potentiel de gain (calculé avec tes chiffres) et le risque encouru (perte de 90%), j'ai du mal à comprendre pourquoi tu a placé la quasi-totalité de ton patrimoine sur cette valeur.

Pourquoi ne pas attendre le résultat de la présidentielle, quitte à prendre la valeur en cours de hausse, mais cela limiterait grandement le risque, sans forcément amputer le potentiel de gain moyen (il faudrait que le cours soit au dela de 23euros pour limiter ce potentiel...)

Pour ma part, j'ai aussi en portefeuille certaines valeurs risquées (avec aussi le risque de tout perdre (nicox, mlzam notamment), mais le gain moyen que j'ai calculé (avec mes probabilités de succès/échec) est bcp plus important que 10%, et, surtout, ces valeurs ne représentent qu'une faible partie de mon patrimoine (entre 5 et 10%)...

Cordialement

Verolle

quelques précisions nécessaires

par Graham ⌂ @, dimanche 11 mars 2007, 16:21 (il y a 6412 jours) @ verolle

Cette remarque, Verolle, est parfaitement justifiée.

Elle met en évidence toute la grande prudence qu’il faut garder à l’égard d’une société qui présente un tel risque sur la continuité de son exploitation.

L’évaluation des conjectures, particulièrement en ce qui concerne des facteurs étrangers impossibles à maîtriser, est chose très délicate. Il a bien fallu pourtant s’y essayer. Il m’a paru nécessaire d’envisager le pire et d’essayer de l’estimer le plus prudemment qu’il convenait. C’est la raison pour laquelle j’ai établie une estimation haute du risque dans le pire des scénarios qu’il était possible d’imaginer. De la même manière, j’ai amoindri l’espérance de gain afin de la soumettre au mieux qu’il me paraissait convenir aux règles de prudence. Ces estimations sont celles que je propose au public, non celles que j’applique personnellement.
A titre strictement privé, j’ai considérablement sous-évalué ce risque et fait le pari d’une bien plus faible probabilité de réalisation. De la même façon, je surévalue mes chances de gain. Ce qui modifie radicalement les calculs d’espérance. Or, ce parti pris délibéré ressort d’une démarche strictement privée qui consiste à assumer une part de risque plus élevé pour accroître ses possibilités de gain. Cette démarche dévie des règles d’investissement conventionnelles et pour cette raison n’est pas recommandable. Je distingue dans le choix d’investissement deux démarches à visées différentes. La première consiste à traiter le mieux possible et le plus rationnellement l’information brute qui existe. La seconde consiste à tirer parti des conclusions précédentes pour adapter ses décisions à son goût ou à son aversion du risque. Ce dernier point ne vaut que dans le cadre d’un choix d’investissement privé et jamais dans le cadre d’une évaluation publique puisque en dernier lieu il ne dépend que de sa propension ou de son aversion au risque, ce qui reste d’ordre strictement individuel. Ainsi ma position ne ressort pas d’une logique de gestion patrimoniale prudente. Celle-ci consisterait à gérer et à proportionner équitablement son portefeuille en de nombreuses lignes diversifiées. Ma démarche consiste à investir et à accompagner à long terme des entreprises dont j’apprécie le potentiel et le modèle économique. Cette démarche s’apparente à une sorte de capital-risque. Le risque y est bien évidemment plus considérable. Cette attitude correspond à mon caractère qui mêle étrangement rationalité et audace. Cette attitude m’a déjà valu quelques cuisantes déconvenues. Ainsi, il y a un peu plus d’une dizaine d’année, à deux reprises j’ai perdu l’intégralité de ma mise initiale et j’ai été contraint de recommencer ma vie de zéro. Par opposition, cette démarche m’a valu également mes plus grands succès, c'est-à-dire la constitution de mon patrimoine à partir de rien, dont des petits salaires, en seulement dix ans. J’entends bien devoir dans quelques temps me soumettre, comme les amis Hollande et Royal, à la dureté de l’ISF. Mais je ne procéderai pas à leur façon. D’ici là, je me serai retiré bien au loin pour fuir les atteintes irrésistibles de la démagogie. Cette digression mise à part, et pour revenir à l’objet de cette réponse, ce procédé n’est nullement à recommander ou à conseiller. Nous savons tous la grande difficulté et l’imprécise fiabilité de ce genre d’évaluation qui demeure largement intuitif.
Pour revenir aux évaluations que j’ai faites sur Acadomia, le risque de perte total est réel, bien qu’il me semble largement surrévalué. La limite à 25 € correspond au coût de l’émission de nouvelles actions pour ceux qui en bénéficieront lors de l’augmentation de capital qui me paraît la plus probable (soit l’émission d’environ 500.000 actions nouvelles sur la base de 500.000 bsars à prix d’exercice de 23 €, attribués préférentiellement aux membres de la direction qui en auront fait l’acquisition préalable lors de l’émission des 10 m€ d’obsars destinées au financement de la croissance). La limite de 35 € correspond à mon estimation de la valeur actuelle de la société (soit 10 fois le dernier résultat d’exploitation corrigé des surinvestissements publicitaires (7,5 m€) + la trésorerie excédentaire (8m€), le tout rapporté au nombre d’actions existantes (environ 2,5 m) ; ou encore 10 fois le dernier résultat d’exploitation corrigé auquel on aura rajouté un surcroît de résultat de 1,5 m€ correspondant aux résultats des nouvelles affaires qu’aura financé l’AK ainsi que la trésorerie excédentaire, rapporté au nombre d’actions probables (environ 3 m). Je n’ai par contre ni évalué les bénéfices futurs ni fixé de limite à leur progression. C’est pourquoi j’ai estimé que le cours de l’action pourrait dépasser la valorisation fondamentale actuelle de 35€ que j’ai faite sur la seule base des de critères économiques de la société. En effet, négligeant les effets marginaux de la concurrence légale sur ses marchés et considérant que la seule importante concurrence était celle du travail irrégulier, j’ai considéré que les résultats devraient continuer à croître au moins proportionnellement à l’ensemble du secteur (soit entre 5% et 10% pour les cinq années à venir). De toutes ces conjectures, il ressort une marge d’appréciation considérable pour le titre Acadomia, une fois ses qualités mises en lumière et le risque concernant la fiscalité levé. C’est l’option que j’ai choisie, mais elle ne se départ pas d’un risque certain et assumé. Enfin, concernant l’option de n’investir dans le titre Acadomia qu’à l’issue de l’élection présidentielle, c’est une position parfaitement sage et mesurée pour qui veut absolument fuir tout risque. En contrepartie, une partie de la hausse du titre sera perdue. Cette contrepartie rémunère l’excèdent de risque actuel. Ce choix reste parfaitement sain et pondéré. Il ne dépend en définitive que de l’aversion individuelle de chacun au risque. C’est probablement aujourd’hui dans une logique de gestion patrimoniale prudente le meilleur choix qu’il convienne de faire. Mais comme je l’ai dit plus haut, pour ma part, j’obéis à une démarche différente.

Je pense avoir répondu sur le fond à toutes vos interrogations. Ces questions étaient judicieuses. Elles m’ont permis de clarifier au mieux ma propre position tout en évitant d’altérer l’opinion de ceux qui me liront.

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Graham

QQ questions techniques

par JF @, dimanche 11 mars 2007, 19:11 (il y a 6411 jours) @ Graham

Bonsoir,

Selon les informations que tu as communiqué, Acadomia envisage de se financer par l’émission d’une OBSAR de 10 M€.

Si on reprend ton hypothèse de 500.000 actions nouvelles liées à l’émission de l’OBSAR, alors on aurait 500.000 OBSAR @ 40€ / OBSAR

=> 500.000 BSAR @ 23€ : 11,5 M€
=> 3 Millions de titre au total
=> P/E dilué 2007(e) : 21 @ 23€ action (strike BS)
=> P/E dilué 2008 (e) : 17/18 @ 23€ action (strike BS)
=> CB : 69 M€ @ 23€/action (strike BS)
=> VE : 75 M€ @ 23€/action (strike BS) / Endettement net de 10 M€ - 3,6 M€ : 6,4 M€

Enfin, il a été dit au bar d’en face que:

=> seule la direction aurait le bénéfice des BSARs
=> les BSARs ne seraient pas cotés

Si ces deux éléments sont vrais, trouves-tu que le traitement entre actionnaires gérants (direction) et autres actionnaires est équitable > Comment les BS vont-ils être souscrits s’ils ne sont pas cotés > Selon ton hypothèse on parle tout de même de 11,5 M€.
Les actionnaires gérants souhaitent ils être les seuls à participer à la souscription des BSARs et donc à la future augmentation de capital >
Enfin, vois-tu un lien direct entre le dégagement massif de la direction (seulement 10% de participation au capital) et l’achat futur des BSARs par cette même direction >

De mon coté, je m’attends à une OBSAR entrainant une future augmentation de capital de 3 M€ à 5 M€. Connaissant le strike (23€), je pense qu’il faut donc s’attendre à une dilution future allant de 130.000 à 250.000 titres. Les ratios cités ci-dessus seraient d'ailleurs plus flatteurs. De plus, techniquement, il serait très difficile d’exclure totalement les autres actionnaires et par conséquent de ne pas envisager la cotation desdits BSARs.

Enfin, d’un point de vue technique, la direction n’a franchement pas intérêt, dans l’immédiat, que le cours de l’action se situe au dessus de 20€, pour ne pas devoir augmenter le strike du BS avec la limite de 115% de la moyenne des derniers cours. Cela reste vrai si et seulement si la direction a ou peut avoir une quelconque influence immédiate sur le cours du titre et souhaite l’exercer >

Cordialement, JF

réponses à JF

par Graham ⌂ @, dimanche 11 mars 2007, 22:49 (il y a 6411 jours) @ Graham

Bonsoir J-Fill,

Cela me fait plaisir de discuter avec vous, parce qu’il ressort toujours de la diversité de nos points de vue de nouveaux aspects qui valent d’être traités.
Je répondrai partiellement à toutes ces questions. Car un traitement correct de celles-ci méritent un long développement que je ne suis pas en mesure de faire en si peu de temps ce soir. Par contre, dans les deux à trois semaines qui suivront, je réexposerai sur le forum de boursorama les éléments que je possède et les interprétations que j’en fais. Pour lors, à la mesure d’un post succinct, je vais essayer d’aborder l’essentiel de vos interrogations.
L’émission d’Obsars et donc de bsars détachés n’est pas encore certaine mais probable. D’autres formes de financement restent possibles et ont été votés lors de l’assemblée (notamment émission simple d’actions, emprunt obligataire avec ou non valeurs mobilières associées, émission d’actions nouvelles dans le cadre d’un achat par titres d’autres sociétés existantes, etc.). Cependant tout me porte à croire que l’option qui sera finalement entérinée par le conseil d’administration sera l’émission d’obsars pour financer la croissance. Les caractéristiques que je connais de ces obsars ressortent des débats qu’il y a eu lors des assemblées. Ainsi :
-les besoins estimés en fonds stables par la direction sont de 10 m€
-les obligations émises seront réservées à des établissements de crédit spécifiques et ne seront pas cotées.
-les bsars immédiatement détachés des obsars seront réservés aux salariés et/ou mandataires sociaux de la société (c'est-à-dire essentiellement à la direction) et achetés par eux pour faire abaisser le coût de la dette.
-Auspitz et moi avons négocié pour que les bsars aient une limite basse d’exercice. Les actionnaires principaux ont convenus à l’unanimité d’un prix d’exercice minimum fixé à 23€, le prix égal à 115% des cours de clôture des 20 derniers jours de bourse restant en vigueur (en cas de cours supérieur à 23/115%)
-les bsars ne seront pas cotés (en réponse à ma question à M.Aiach)
-il n’a pas été traité lors des débats du nombre des bsars qui seront émis. Par règle arithmétique, on peut supposer qu’il en sera créé environ 435.000 (10 millions divisés par 23). Par contre, il reste vrai que l’autorisation porte sur une émission maximum de 2.000.000 d’actions nouvelles via les bsars. Je ne crois pas que cette autorisation sera pleinement utilisée (ou pour d’autres fins, comme par exemple une OPA hostile à un prix déprécié). C’est pourquoi j’estime le nombre d’actions nouvelles qui seront créées très probablement au alentour de 435.000 actions. Après cela reste une question de confiance envers la direction ou non.

Je ne développe pas ici mon estimation de la valorisation de la société. Je l’ai faite ailleurs déjà et cela déborderait le cadre que je me suis fixé. J’estime toujours que la valeur fondamentale de l’entreprise, non pris en compte le risque concernant la fiscalité, est avant et après la possible augmentation de capital d’environ 35€ par titre actuellement. Le risque sera prochainement levé ou infirmé. Cela permettra de ne considérer la société que sous ses aspects économiques. Je referai une estimation précise dès lors que les modalités arrêtées des obsars seront connues. En attendant, je reste sur les modèles que j’ai développés dans un passé récent.

Je déduis les conséquences positives suivantes :
-si il y a AK, ce ne sera pas au cours déprécié actuel de 17,5 € mais au minimum à 23€. Ce qui est positif pour les actionnaires anciens qui n'auraient pas pu participer à l'AK simple
-la dilution probable des actionnaires sera d’environ 20% mais à la condition que le cours s’apprécie de plus de 30%. Ce qui n’est pas non plus si mal pour les actionnaires anciens.
D’ailleurs si ceux-là s’estiment léser, rien ne les empêche d’acquérir des actions existantes au cours actuel, bien moindre que les 23€ envisagé.
-la direction qui s’était dégagée dans le passé du capital de la société (quand celle-ci était valorisée sur des ratios bien supérieurs) se trouve de nouveau très fortement impliquée dans l’évolution du titre car, enfin, si l’action ne monte pas, ils auront perdu le prix dépensé pour l’achat des bsars (coût d’acquisition d’un bsar d’environ 1 à 1,5€ ).
-c’est un mode de rémunération de la direction astucieux qui ne pèse pas dans les résultats et qui abaisse considérablement le coût de la dette.
-la direction sera contrainte pour réaliser son gain de souscrire les actions nouvelles (les bons n’étant pas cotés) et donc d’augmenter sa participation (ce que dernièrement elle a déjà faite via les achats de M.Roméro)
-l’objectif de cours de 24€ - 25€ me semble très facile à atteindre. Les risques sur la fiscalité étant éventuellement dans deux mois levés, le cours de bourse s’ajustera quasi immédiatement.

Concernant les autres questions, je réponds brièvement :
-la direction n’a pas intérêt effectivement à ce que le cours de l’action ne s’élève de trop dans l’immédiat (avant la décision qui arrêtera les caractéristiques des obsars). Je ne crois pas que celle-ci tardera. Ce qui ne signifie pas que je crois que la direction influe par malversation sur le cours
-s’agissant de savoir si le traitement des actionnaires est équitable, je répondrai amplement à cette question dans un post très développé. Grosso modo, je suis habituellement très hostile à ce genre d’opération qui ajoute beaucoup de confusion à l’analyse des sociétés et qui de surcroît peut faire penser à un traitement défavorable des simples actionnaires. Cela a été mon impression première. Mais j’en suis radicalement revenu. Je crois désormais que ce mode de financement est particulièrement judicieux pour tous. Je développerai ce point de vue dans les 2-3 prochaines semaines.
-concernant le dégagement des dirigeants de la société il y a trois ans, je crois que c’est simplement opportunisme de circonstance (à l’époque sur la base des résultats d’alors l’action était survalorisée, si j’en avais alors possédée, je les aurai également revendues). Aujourd’hui la société est mieux développée et les résultats sont plus favorables, les conditions sont donc radicalement différentes. Ce point ne m’inquiète pas. Les options donnant droit sur le capital intéressent d’une même manière les dirigeants à l’évolution du cours de bourse. Ils donnent occasion à la direction de rentrer à nouveau dans le capital à des conditions avantageuses pour tous.

Je crois avoir à peu près répondu au mieux et au plus pressé à vos questions. Je compléterai tout cela les jours prochains. Sinon je reste intéressé par vos informations privilégiées qui restent une bonne source d’informations même si comme vous avez pu le remarquer, elles contiennent quelques erreurs.

A bientôt,
cordialement

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Graham

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