Marché actions : prudence à court terme

par AToo, dimanche 18 septembre 2005, 08:26 (il y a 7012 jours)

Boursorama le 16/09/2005 06h00
Marché actions : prudence à court terme
Alain Bokobza, stratège actions européennes la Société Générale, ne relève pas son objectif annuel sur le CAC40

Un automne maussade. Si l’on en croit le stratège actions européennes de la Société Générale, Alain Bokobza, mieux vaut au cours des quelques mois à venir se garder de trop d’investissements boursiers. Il présentait hier à Paris, la stratégie actions de l’équipe de recherche actions européennes de la banque française au cours du quatrième trimestre. Il estime «qu’une pause dans un mouvement haussier » devrait s’ouvrir jusqu’à la fin de l’année. « Nous avions comme objectif annuel un CAC 40 à 4500 points, cette barre a été franchie à deux reprises. Nous ne relevons pas notre objectif ».

Un appel à la prudence qui s’explique par quelques nuages qui s’amoncellent sur le ciel de la bourse française sans pour autant annoncer une grosse tempête. « Contrairement au reste de l’Europe, la France poursuit le mouvement de privatisation ce qui devrait amener plus d’offre sur le marché, et donc moins de rareté » explique Alain Bokobza qui souligne que le marché parisien a déjà bien performé par rapport à ses pairs. Position d’attente également au moment où l’incertitude plane sur le rythme de hausse des taux que choisira finalement la banque centrale américaine à la suite de l’ouragan Katrina ou encore en raison d’élections allemandes à l’issue encore imprévisible. Mais que l’on se rassure : « 2006 devrait être une bonne année ». Que faire donc à court terme pour bien préparer l’année prochaine >

Alain Bokobza refuse d’opter pour la rotation sectorielle ni l’allocation pays. Ces approches ne sont pas forcément pertinentes et n’apportent pas un différentiel de performances très significatif explique-t-il même s’il avoue un faible pour les bourses allemandes et japonaises du fait de leur faible valorisation. Le stratège préfère jouer des thèmes qui dépassent ou « traversent » ces catégories. Il en va ainsi de la quête des sociétés opéables, et des valeurs dites de croissance. Le vrai enseignement de ces derniers mois est la fin de la mode des valeurs défensives : « La thématique du rendement est morte ». Dont acte. « Depuis six mois, ces valeurs sous-performent le marché. » En revanche, « la thématique de la croissance monte. » « Les bilans sont rétablis, les profits élevés. Les sociétés qui veulent prendre des risques et générer de la croissance seront les gagnantes des 18 prochains mois. » Dans « un marché qui n’a plus peur de son ombre », le sujet des fusions-acquisitions demeure également un bon vecteur. Pour preuve, les titres « opéables » sélectionnés par l’équipe recherche de SG ont sur-performé en moyenne de 15,5% au cours de la dernière année. Avant de connaître la nouvelle liste de ces pépites qui sera publiée dans les prochaines semaines, il faut jeter un oeil sur la « premium list » du bureau d’analyse pour mettre des noms sur les actions préférées de SG. On y trouve en France, TF1, Sanofi-Aventis, L’Oreal, France Telecom, Vinci, Atos Origin et Axa.

Quant au secteur de l’énergie, l’expert souligne les risques qu’il peut représenter aujourd’hui « Le cours des valeurs du secteur est presque exclusivement lié au niveau du baril en dollar dont la volatilité est très forte...» Il préfère donc rester « neutre » sur le secteur d’autant que les prévisions de prix sont revues à la baisse pour 2006 et qu’il ne faut pas sur-estimer la demande en provenance de Chine : « Ce pays est en train de construire une politique énergétique alternative. Il devient progressivement moins dépendant et moins exposé au prix du baril. » Alain Bokobza préfère d’ailleurs minimiser l’impact général de la hausse des cours du baril. Si l’on ajoute au prix nominal, l'inflation et l’intensité en énergie de nos économies (quantité de pétrole nécessaire à notre économie pour produire), le niveau du baril devrait être de 143 dollars pour qu’il atteigne la même valeur que lors du précédent choc pétrolier. » Nous en sommes loin... Il ne croit donc pas au scénario catastrophe d’une récession provoquée par le pétrole. C’est surtout le niveau de l’inflation et des taux qui pourrait avoir un impact. De ce point de vue là, la hausse est pour l’instant très graduelle et ne menace en rien la croissance. Jusqu’à quand > Rendez-vous en 2006. Le stratège n’est pas devin.

Jean-François Eyraud

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